Pour le 23e épisode du podcast Hors concours, Alphonse Sarthout et Camille Bénard, deux des fondateurs de l’atelier d’expérimentation Ciguë sont les invités de l’épisode 23 du podcast Hors concours. Au micro de David Abittan, les deux architectes reviennent sur leur soif d’apprentissage, leur envie de partage et de transmission tout autant que leur volonté d'associer la pensée et le faire, la conception et la fabrication.
Ciguë est fondé en 2003 par Alphonse Sarthout, Camille Bénard, Guillem Renard et Julien Franc Wahlgreen sous la forme d’un atelier d’expérimentation visant à reconnecter l’acte de faire et celui de concevoir. Une forme de pratique de l’architecture qui permet d’éprouver les espaces, par une perception qui se nourrit d’ «une accumulation de détails, d’ambiances, de sons et d’odeurs » que l’on ne peut ressentir qu’à l’échelle du vécu, du corps et non d’une maquette, détaille Camille Bénard au micro de David Abittan.
« C’est l’idée de faire de l’architecture comme du jazz» abonde-t-il, d’adapter et de modeler la conception en fonction des connaissances acquises, des prototypes réalisés, des maquettes et des matériaux développés.
Cette manière de faire, les membres fondateurs de l’agence Ciguë ont aussi à cœur de la transmettre, de l’échanger et de la faire évoluer au fil des expérimentations et des projets menés, auprès de leurs collaborateurs ou en écoles d’architecture où ils interviennent régulièrement.
Depuis plusieurs de leurs projets de retail livrés à Paris — entre autres, les boutiques Isabelle Marant, Aesop et Citadium — en passant par des bâtiments de logements en France et à l'étranger jusqu'à des projets de recherche menés à l'échelle du matériau — le béton de plâtre dans le cadre de l'appel à idée FAIRE, Ciguë s’applique à décloisonner les savoir-faire tout autant qu’à se nourrir du dialogue qu'ils entretiennent avec les différents acteurs de la construction qui les entourent.
Dans ce «chantier perpétuel» qu’est l’architecture, Ciguë poursuit ainsi sa volonté d’exploration et de mise en mouvement de la discipline pour faire «bouger les lignes». À la période dite «de crise» — écologique, économique et sociale — que nous traversons, Camille Bénard préfère le terme de «grand mutation» dont il nous faut savoir profiter pour «redistribuer les problématiques et inscrire ce que l'on fait sur le temps long. Et ce dernier de conclure : «On n'agit pas pour les dix prochaines années mais bien pour les siècles à venir.»