Au niveau mondial, le secteur du bâtiment est l’un des principaux responsables des émissions de CO2. Il joue un rôle primordial dans le défi de la transition écologique. Quelles solutions mettre en œuvre pour un avenir plus vert au niveau de nos constructions ? C’est à cette question que nous avons tenté de répondre grâce à différents maillons de la chaîne.
Ce Fokus Podcast de Smart Media Agency a réuni Salima Kuen, architecte-associée chez assar architects, Regis Ortmans, regional business director pour Bruxelles, la Wallonie et le Grand-Duché du Luxembourg au sein du promoteur immobilier Matexi, Bernard Glorie, commercial manager pour la société EQUITONE, spécialisée dans les panneaux de façade, et, pour finir, Thomas Roulet, qui occupe le poste de specifier au sein de l’entreprise Gyproc Saint-Gobain, le leader du marché des systèmes de construction à base de plâtre et des solutions pour les finitions intérieures et extérieures.
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De nouvelles règlementations et exigences climatiques
“Le durable impacte l’ensemble des acteurs de la construction. C’est un sujet transversal à intégrer dès le tout début de la conception de chaque projet. Il change notre manière de concevoir les bâtiments” affirme Salima Kuen, architecte-associée chez assar architects. De nouvelles questions liées aux énergies renouvelables, au cycle de l’eau, à la biodiversité, aux matériaux écologiques ou encore au recyclage se posent. “Nous passons d’une économie linéaire à une économie circulaire. C’est un exercice d’équilibre de doser, projet par projet, les nombreux aspects de la durabilité, entre ambitions à long terme et objectifs financiers”. “Chez Matexi, notre moto est People Planet Profit. On met la planète et l’humain au centre du débat, avant toute notion de rentabilité”, explique Régis Ortmans, directeur régional au sein du promoteur, “Par exemple, si on construit un projet immobilier à côté d’un fleuve, on va essayer de favoriser le transport fluvial”. Le respect de l’environnement est devenu une priorité dans notre société. “On le constate même au niveau du financement du logement. Aujourd’hui, une banque va probablement plus facilement accepter un prêt hypothécaire pour une maison qui répond à toute une série de critères de durabilité, ce qui n’était pas le cas précédemment” ajoute Régis Ortmans.
L’importance des labels
Les panneaux de façade EQUITONE et les plaques de plâtre Gyproc ont, tous les deux, reçu le label “Cradle to Cradle”. “Reconnue comme un standard en termes de durabilité des produits dans l’industrie du bâtiment, cette certification permet aux architectes de savoir immédiatement qu’un matériau répond à certains des critères les plus rigoureux au monde” souligne Bernard Glorie, commercial manager pour la société EQUITONE, “Cette certification a également comme avantage que l’architecte obtient automatiquement des scorings supplémentaires dans les schémas labels comme LEED, Green Star et même BREEAM”.
Des matériaux conscients
Les tendances actuelles d’économie circulaire, de recyclage et de zéro déchet touchent aussi le secteur de la construction. Le plâtre Gyproc est recyclable à l’infini. L’entreprise a créé son propre service de recyclage baptisé Gyproc Recycling Service afin d’offrir une nouvelle vie à ses produits. “Concrètement, le client loue, par notre intermédiaire, un container de 20m³ qui va ensuite être collecté régulièrement, à un tarif fixe, convenu au préalable. Les déchets à base de gypse pourront ainsi être triés séparément à côté de notre usine, à Kallo, dans le port d’Anvers, et seront réintroduits dans nos matières premières” détaille Thomas Roulet, représentant de Gyproc Saint-Gobain. D’autres solutions sont également développées par le fournisseur afin de réduire au maximum les déchets de ses matériaux, comme des packages sur mesure ou encore une gamme de produits nommée Gyproc LOOPD qui va permettre de démonter facilement des cloisons existantes afin de les réutiliser dans le futur.
Vers toujours plus de durabilité
“La meilleure façon de réduire les déchets, c’est d’utiliser le moins possible de produit” pointe Bernard Glorie, le représentant d’EQUITONE, “Le fibres-ciment qui forme la base de nos produits possède des caractéristiques intéressantes. Premièrement, nous utilisons relativement peu de matière pour ensuite avoir un produit fini qui offre une protection maximale. Secondo, nos panneaux ont une durée de vie importante, parfois même plus longue que le bâtiment en question. Pour finir, si l’on rajoute à cela l’aspect modulaire de nos produits, on obtient un cocktail intéressant”. Le plus grand défi de l’entreprise spécialisée dans les panneaux de façade : réduire l’empreinte CO2 du ciment. “Nous travaillons avec les plus gros fournisseurs de ciment et faisons partie de la “first movers coalition” du Forum économique mondial. Ce qui nous permet de collaborer avec les chercheurs les plus avancés pour obtenir des alternatives au ciment”.
Une vision globale et à long terme
L’Europe s’est engagée à rendre l’empreinte carbone de ses habitations neutre d’ici 2050. Or, “environ 80% de notre parc immobilier en Belgique est antérieur aux années 80-90 et ne répond pas aux critères de durabilité d’aujourd’hui” précise Régis Ortmans. Selon le spécialiste, il faudrait encourager les citoyens à investir dans des constructions modernes et économes en énergie, et cela passe par une règlementation forte au niveau politique. “Aujourd’hui, s’il n’y avait pas d’incitants fiscaux pour les voitures électriques, je ne suis pas convaincu qu’autant de monde achèterait des véhicules électriques. Pourquoi un tel système n’existerait-il pas aujourd’hui pour le logement ? Imaginons que, demain, une personne investisse dans une maison passive. Pourquoi ne pourrait-elle pas bénéficier d’incitants pour pouvoir se permettre d’acheter cette maison par rapport à une habitation au PEB E,F ou G? Cela produirait un nivellement par le haut au niveau de la durabilité !” prône le représentant de Matexi. Une chose est sûre : pour atteindre la neutralité carbone visée par l’Union Européenne, tous les acteurs du secteur de la construction vont devoir se mobiliser, main dans la main. “Ça va plus loin que le bâti, on doit vraiment redonner de la qualité aussi aux espaces extérieurs, en collaboration avec les ingénieurs, et être au courant de tous ces nouveaux matériaux qui évoluent. Ça nous demande d’être beaucoup plus connectés les uns aux autres et d’avancer ensemble sur des sujets. Nous sommes liés à un tout, qui est la planète” déclare Salima Kuen.
“On échange de plus en plus entre les différents acteurs du secteur de la construction. La digitalisation nous permet aussi d’être beaucoup plus actifs dans ce principe de collaboration” confirme Thomas Roulet.
Credits : Smart Media Agency & la journaliste Gwendoline Cuvelier